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JESUS CHRIST EST LE SAUVEUR DU MONDE
27 décembre 2014

Boèce et le détachement des biens de ce monde.

INTRODUCTION

La période médiévale est une période qui s’étend sur dix siècles plus précisément du ve au xve siècle de notre ère. Cette période, dominée par le christianisme, a fourni au monde de grands philosophes qui, dévorés par la quête de la vérité ont voulu concilier la foi et la raison.

Au rang de ces philosophes qui ont marqué l’époque médiévale, s’inscrit Boèce.

De son vrai nom ANICIUS BOETHIUS, Boèce naquit vers l’an 455 en Italie d’une famille noble et fut mis à mort en 524 à Pavie, par l’empereur Théodoric. Il écrivit plusieurs ouvrages dont le plus célèbre fut ‘‘La consolation de la Philosophie’’. Dans cet ouvrage, il relate sa rencontre avec la philosophie, celle-ci qu’il personnifie par une dame qui vient le consoler dans sa prison, sous le poids d’une profonde infortune et d’une accusation capitale. L’ouvrage est subdivisé en cinq (5) livres. Mais en ce qui concerne notre travail, nous nous pencherons sur le livre II. Dans ce livre, la philosophie fait comprendre à Boèce que la fortune est une infidèle compagne qui jouit de son pouvoir, se donne et se retire au moment où on s’attend le moins. Ici, la problématique qui se dégage est la suivante : En quoi consiste le vrai bonheur ?

Dans un premier temps, nous ferons une présentation et un résumé du livre II ; et dans un second, nous commenterons celui-ci.

I-                   PRESENTATION ET RESUME DU LIVRE II

 A-    Présentation 

 Le livre II est composé de 16 pages allant de la page 24 à la page 39 de l’ouvrage. Il est composé de deux personnages. D’une part, un être vivant en la personne de Boèce et d’autre part la personnification de la philosophie en une dame.

B-    Résumé

 Après avoir diagnostiqué le mal dont souffre Boèce, à savoir son regret d’avoir perdu sa fortune, la philosophie cherche les voies et moyens pour consoler Boèce. Elle lui fait prendre conscience que la richesse ou la fortune est inconstante et passagère, amenant ainsi Boèce à se détacher des biens de ce monde qui sont éphémères. Aussi, la philosophie conseille t-elle Boèce de ne pas rechercher la gloire, mais rechercher plutôt à être vertueux durant sa vie terrestre

 II-                COMMENTAIRE

 A-    Critique interne

La célébrité de l’ouvrage « La Consolation de la philosophie » est telle qu’elle a fait couler beaucoup d’encre. En effet, le livre II qui fait l’objet de notre étude nous parle de la richesse comme bien éphémère auquel l’on ne doit pas s’attacher. Pour mieux comprendre cette partie de l’ouvrage, l’auteur la subdivise en trois mouvements. D’abord, le premier mouvement qui part de la page 24 à 30 « la philosophie, après avoir ainsi parlé … vous ne trouverez qu’au-dedans de vous-mêmes ? » qui nous parle de ‘‘l’infidélité de la fortune’’. Ensuite, le deuxième qui se situe de la page 30 à 34 « Vous êtes dans une dangereuse erreur … y avait si profondément et si sagement cachés ! » montre ‘‘la vanité de la fortune’; et enfin le troisième  qui se déploie de la page 34 à partir du dernier paragraphe à la page 39. « Que dirai-je des dignités et du pouvoir souverain ? … comme il règne dans les cieux »  ‘‘explicite la vanité de la gloire terrestre’’.

1-      L’infidélité de la fortune

La philosophie qui a voulu consoler Boèce à la place des muses, finit par trouver le mal dont il souffre. Celui du regret  qu’excite en lui la perte de sa fortune. En effet, Boèce est une personne issue d’une famille noble et riche. Il vécut toute sa vie dans l’aisance jusqu’au jour où il fut emprisonné et qu’il perdit cette fortune. En diagnostiquant son mal, Dame philosophie explique à Boèce que la fortune était une amie infidèle, une amie qui ne fait de don à personne. Elle prête plutôt ses faveurs. Ainsi, tout en essayant de le consoler, elle l’amène à se ressaisir, car il a commis l’erreur de s’attacher à la fortune sans même penser un instant qu’elle était infidèle. Pour le convaincre, elle traite la fortune de « déesse capricieuse » (cf. page 25). Elle affirme ensuite : « vous verrez qu’elle n’avait rien de si grand et de si beau ; et qu’en la perdant, vous n’avez pas autant perdu que vous l’imaginez » (cf. page 24). De ce fait, il ne fallait pas s’attacher à la fortune car le jour où elle s’enfuira, elle laissera des traces très désagréables au point d’attrister celui ou celle à qui elle s’est donnée. Cependant, il faut garder une certaine prudence puisqu’elle « porte plus loin ses regards » (cf. page 25). De plus, l’erreur commise par Boèce, c’est qu’il s’est laissé tromper par les charmes et les caresses d’un bonheur apparent. Comment faire confiance à une déesse aussi capricieuse qu’est la fortune ? On entend souvent dire que la richesse procure le bonheur. Quel est ce bonheur éphémère qui peut se transformer en cauchemar à tout moment ? Pour y répondre, on dirait que ce bonheur est cette richesse qui prête ses faveurs à qui elle veut sans pour autant lui offrir éternellement ses services. Elle prête mais ne donne pas. En effet, donner et prêter sont deux expressions différentes. « Prêter » signifie céder pour un temps. Ce qui veut dire que l’offre est limité dans le temps. Il peut cesser d’être d’un moment à l’autre. Alors que « donner » n’implique pas un retour. La fortune prête ses biens mais ne les donne pas. Elle utilise ses richesses selon son bon vouloir, selon son gré comme elle le dit si bien en ces termes : « j’ai prodigué pour vous tout ce que j’ai de plus précieux et de plus brillant. Il me plaît aujourd’hui de retirer mes biens : ne vous plaignez pas que je vous dépouille de rien qui vous appartienne ; (…) les biens, les honneurs et toutes les choses de ce genre sont en mon pouvoir ;  j’en dispose à mon gré, ce sont des esclaves qui me reconnaissent pour leur souveraine » (cf. page 26). Par cette assertion, la fortune montre qu’elle a le pouvoir de disposer de ses biens comme elle veut. Aussi, la philosophie argumente son point de vue en expliquant à Boèce pourquoi il ne devrait pas s’attacher à la richesse. Pour la philosophie, tous les biens de ce monde sont périssables, tout disparaitra. Rien de ce qui est créé n’est éternel. Et puisque tout change, il devrait s’attendre au fait que sa situation d’antan pouvait changer un jour. Par ailleurs, la consolatrice de notre philosophe découvre un défaut qui est commun à la plupart des hommes, celui d’être insatiable. L’homme n’a jamais été satisfait de sa condition. Il a toujours l’intention d’amasser plus de bien qu’il devient malheureux quand il  découvre qu’il ne peut pas y arriver. La souffrance de Boèce est liée au fait qu’il cherche sa félicité dans les richesses de ce monde alors qu’il devrait plutôt la chercher au fond de lui-même.

2-      LA VANITE DE LA FORTUNE

Dans ce deuxième mouvement, la philosophie persuade Boèce à ne pas se fier à la fortune car tout ce qu’elle possède n’est que vanité. Elle établit un raisonnement déductif « si la félicité est un souverain bien d’un être raisonnable, et qu’on ne puisse appeler souverain bien celui qui peut ravi puisque ce qui n’est point sujet à la vicissitude lui est certainement préférable » et tire la conclusion suivante « la fortune, puisqu’elle est inconstante, ne peut jamais nous procurer le vrai bonheur » (cf. page 31). Pour elle, le souverain bonheur ne réside pas dans la fortune, laquelle fortune est éphémère, inconstante. Ensuite, dame philosophie fait comprendre à Boèce que les personnes qui focalisent leur bonheur sur les biens matériels, qui passent le temps à amasser les biens de ce monde sous prétexte qu’elle est la source unique de leur bonheur, sont très souvent tristes quand elles se souviennent de leur condition mortelle. Car, elles n’emporteront rien avec elles. Par contre, ceux qui considèrent le souverain bien comme n’étant pas la fortune, ne se soucient guère des biens terrestres qui ne sont que vanités. Ceci montre que le vrai bonheur ne dépend pas de la Fortune (richesses, argent, gloire, renommée,…) mais, le vrai bonheur consiste à se détourner des biens extérieurs pour se concentrer vers l’intériorité et devenir ainsi maître de soi. De plus, la philosophie s’étonne du comportement absurde de l’homme devant le bien matériel. Comment se fait-il que l’homme, cet être élevé au dessus de tout par sa raison puisse se mettre en dessous des biens matériels ? La philosophie se pose ainsi ces questions : « pourquoi vous laissez-vous séduire par des plaisirs frivoles ? Pourquoi regardez-vous comme à vous appartenant des biens qui sont tout-à-fait hors de vous ? » (cf. page 32), ensuite à elle d’ajouter « jamais la fortune ne pourra vous approprier ce qui, par nature, vous est absolument étranger. (…) vous devez désirer ce que le besoin exige : la superfluidité n’est point une fortune pour vous » (cf. page 32). Cette assertion montre clairement que la fortune n’a rien d’éternel. Et que ce qui est éternel est naturel et par conséquent, vient de Dieu. Cela nous amène à comprendre que les biens que nous considérons comme faisant partie de notre patrimoine et qui procurent le bonheur de certains, ne nous appartiennent pas en réalité.

3-      La vanité de la gloire terrestre

Afin de mieux faire comprendre à Boèce la vanité de la gloire terrestre, la philosophie commence par dans ce troisième mouvement par lui dire ce qu’est la vraie grandeur et la vraie puissance. En effet, d’après la consolatrice de Boèce, la grandeur et la puissance ne sont pas de nature des biens réels et véritables. Elles sont plutôt des moyens ou mieux, des occasions pour exercer la vertu humaine pour le bien d’autrui. Car, elle-même le dit si bien : « ce sont moins les grandeurs qui honorent la vertu que la vertu qui honore les grandeurs » (cf. page 35). En d’autres termes, ce qui exalte l’homme, c’est la vertu et non les titres, les fonctions, les places qu’on occupe dans la société. C’est bien ce qui a animé Boèce dans l’exercice de sa fonction, c'est-à-dire rechercher à être vertueux. Malheureusement, l’erreur commise par bon nombre de personnes, c’est de se laisser enflammer par le désir d’acquérir de la gloire (cf. page 36). Tandis que la gloire n’est rien d’autre que vanité. Vanité, car elle disparaît aussitôt que la mort survient. C’est pourquoi, il faudrait rechercher à être vertueux tant qu’on est en vie plutôt que la gloire. A juste titre, la philosophie ajoute que : « l’âme qui n’a rien à se reprocher, dès qu’elle est délivrée de la prison de son corps, va faire son séjour dans les cieux, rassasiée d’une gloire plus pure. » (cf. page 38)

 

2-      Critique externe

De prime abord, notons que le titre ‘‘Consolation de la philosophie’’ qu’attribue Boèce à son ouvrage, cadre parfaitement avec la réalité qu’il a vécue. En effet, non seulement Boèce est accusé et enfermé injustement dans une prison, mais aussi il sombre dans une profonde infortune ; chose nouvelle pour lui puisqu’il a toujours vécu dans l’opulence. Il a donc fallu que cette dame la philosophie, vienne à sa rencontre dans sa situation malheureuse pour panser ses blessures et lui ouvrir les yeux sur ce qu’est le vrai bonheur. Le vrai bonheur en effet, ne réside pas dans la richesse car celle-ci est éphémère tout comme les choses de ce bas-monde. C’est la raison pour laquelle il faut s’en détacher et rechercher la vertu. N’est-ce pas ce que Platon, lors de son premier voyage à Sicile, a fait prendre conscience à Denys le Tyran  (fils d’Hémocrate) que l’utile à l’homme n’est pas le bien mais la vertu ? Assurément !

De plus, faisons une analogie entre l’injustice qu’a subie Boèce. En effet, Socrate tout comme Boèce, fut condamné injustement par la démocratie athénienne sous prétexte d’avoir perverti la jeunesse alors qu’en réalité, il était vertueux et instruisait la jeunesse. Une autre comparaison entre ces deux illustres personnages est le fait que leurs dernières pensées dans leur prison furent l’un des plus beaux monuments de la philosophie grecque (le Phédon et le Criton de Platon pour Socrate) et de la philosophie latine (La consolation de la philosophie de Boèce). (cf. page 9). Ici donc, nous remarquons jusqu’où la quête de la vérité peut conduire le philosophe. Aussi, relevons quelques similitudes entre Boèce, représentant la philosophie et Jésus, représentant la religion chrétienne. En effet, les chrétiens voient en la personne de Jésus Christ le Messie, Sauveur du monde, l’Envoyé de Dieu venu apporter le salut aux hommes. Et c’est justement pour avoir dit la vérité d’être le Fils de Dieu,  que Jésus fut crucifié sur une croix et mourut. Voici jusqu’où également la vérité a conduit Jésus, Fils de Dieu d’après le christianisme. En faisant un rapprochement entre ces deniers personnages, on s’en rend compte qu’ils sont tous deux morts pour avoir défendu la vérité. Il apparait donc clairement que la philosophie et la religion sont certes différentes mais elles se rencontrent dans la quête de la vérité. Autrement dit, foi et raison s’embrassent, d’où une réponse à la problématique de notre cours de philosophie médiévale.

CONCLUSION

Au terme de notre analyse, nous pouvons conclure que Boèce, par la voix de la philosophie nous amène à nous détacher des biens de ce monde qui sont éphémères et qui ne peuvent nous procurer ni une gloire éternelle ni vertu. Car le bonheur ne réside pas dans la fortune que nous amassons mais plutôt dans la vertu Pour ainsi dire, celui qui prétend avoir le bonheur par le biais de sa richesse ne vit  qu’une bonne heure et non le bonheur véritable

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